Nous quittons İstanbul, Anne, Aylin, le lycee... mais pas Armelle et Gerald. Nous prenons le bateau tous les 4 et quittons le continent europeen.  

Ce premier jour en Anatolie est tres pluvieux. Les paysages de cultures intensives sont assez moches. Heureusement il y a peu de voitures et l'air de la campagne nous fait du bien. Nous decidons de rouler tous les quatre un peu mais pas trop longtemps: les rencontres seront-elles faciles si nombreux? A la tombee de la nuit, nous demandons dans un petit village a mettre notre tente dans un jardin ou un garage (proteges des chiens) Mustapha nous invite illico dans sa petite famille et nous sert un festin!! La question est posee: "etes-vous maries?" Nous repondons que oui. Quant a Gerald et Armelle,ils optent pour la sincerite. Resultat ils dorment separemment et nous dans un lit deux places! Dans un moment d'egaremment, Amelie demande s'ils ont des cochons. oups . Evidemment non car les musulmans n'en mangent pas. Comme d'habitude, nous sortons les instruments de musique mais cette fois notre public se leve en plein morceau et nous demande d'arreter: c'est la derniere priere de la journee. Et tous les hommes se rendent a la mosquee. Comme dans tous les pays rencontres jusqu'ici, le petit-dejeune est sale et fourni! Le fait que l'on soit quatre n'a pas l'air de mettre a l'epreuve l'hospitalite turc. Peut-etre est-ce un coup de chance...

Le lendemain, les montagnes et les arbres apparaissent.. hmmm c'est joli! Nous comparons nos techniques pour repousser les chiens. De temps en temps on pique des sprints, et tandis que l'on sort nos baton, Armelle et Gerald les aspergent d'eau.

 L'eau les effraye davantage! Apres une rude cote qui place les Clermontois bien devant nous au classement general(!!), un villageois nous propose de dormir dans le dortoir d'une ancienne ecole. Comme le soir precedent, alors que le mari boit un çay (the) avec nous, sa femme est deja en train de nous concocter un bon repas! Apres un jeu de cartes et une partie de polonchon, on se couche bien heureux. 

En Turquie, les chiens sont encore plus gros qu'en Grece. İls accompagnent les troupeaux de moutons, et servent d'alarme pour la maison, comme nous a dit quelqu'un  "la police ici, c'est les chiens". Ce soir, c'est la galere pour trouver un endroit ou dormir, on nous indique un endroit a 2 km, mais 2km plus loin c'est toujours a 2 km, et ainsi de suite durant finalement 6  ou 8 km... Nous campons enfin sur une belle pelouse d'un centre thermal apres quelques course poursuite avec des chiens! On va boire un the pour jouer aux cartes au chaud. A notre etonnement, le barman nous offre non seulement les thes mais aussi des sandwichs. En Turquie, on prefere donner une bonne image du pays aux touristes, plutot que de leur prendre leur argent.

Lendemain, pluie. On a bien du mal a partir, Armelle et Gerald nous apprennent le poker. Dans la journee, pluie, crevaison, pluie, crevaison... Gerald dans une descente, frole par un bus, fini par tomber, La glissade de 10 metres ne lui laissera qu'un bleu au coude, et une petite frayeur quand meme. On termine la journee par 3 km de cote a 10% (Amelie veut revendre son velo...) pour arriver dans un superbe petit village peuple de millier de moutons et de quelques humains, qui se demandent ce qu'on fait la!

 L'imam (equivalent du pretre) accueillent Gerald et Armelle, dans sa mosquee. Nous arrivons deux fois plus epuises 20mn plus tard: le the est chaud. S'ensuit un incroyable, succulent, majestueux repas. On se rend a peine compte de la chance qu'on a...

 Puis,  les hommes du village viennent pour la priere. Les femmes, quant a elles prient dans la maison sur leur petit tapis...  Quelle heureuse nuit bien chauffee par le poele a bois (unique type de chauffage des campagnes turques)!

Apres un petit dejeuner avec champignons fraichement cueillis et dores au poele a bois, fromage yaourt et pain faits maison, tomates, poivrons, coulis de raisin, olives, nous partons sous la pluie et les ennuis mecanniques continus. Un rayon casse et ne sachant comment en remettre un, on se lance dans le demontage... oups, on demonte les roulements au lieu de demonter les pignons, grosse erreur. Apres 3h d'attente, 40 km en voiture et l'aide de mecaniciens automobile reconvertis pour l'occasion, le velo est a peu pres repare. La roue tourne moins bien. Armelle et Gerald sont biens patients, nous leur conseillons de partir devant. Peut-etre nous retrouverons-nous! İl fait nuit et il pleut toujours, nous cherchons un camion pour nous emmener a Akhisar mais en vain. Nous avancons et a notre grand bonheur, l'epicier d'un petit village nous invite spontanement chez lui. Tout est mal qui finit bien! 

Güray est socialiste, ex-militaire, et parle de politique sans tabou. Depuis les dernieres elections, l'AKP (de droite) est au pouvoir en Turquie. Nous aprenons que les socialistes comme les AKP approuvent completement la guerre qui est en cour. Beaucoup disent bien aimer les Kurdes mais etre contre le PKK "les terroristes". Apres un bon petit dej' nous repartons avec une bouteille de Petmek (coulis de raisin) bon pour notre rhume.

Le lendemain, nous retrouvons a Akhisar Armelle et Gerald, trop bien, On est tous les quatre bien contents de se revoir apres 12 h de separation! Dans cette ville il y a pleins de bicyclettes et quelques charettes a cheval. A midi on a faim, on se dit en rigolant "on nous invite a manger le soir et le matin, si ca continue peut etre meme le midi!" Aussitot dit aussitot fait: Ali Osman patron d'un petit resto nous invite puis nous offre le repas du soir et nous demande de revenir le lendemaın pour le petit dej'! İncroyable! On sort les instruments, c'est la fete dans le resto! 

 Le soir, apres une journee internet, on demande un garage pour mettre nos tentes. Pensant bien faire, le patron du cyber-cafe appelle la police qui selon lui pourra mieux nous conseiller (rappelons qu'en general, les Turcs ont entierement confiance en la police, l'armee..). Les flics nous demandent nos passeport, nous regardent comme des voleurs et nous obligent a les suivre jusqu'a un hotel.  Des qu'ils nous lachent, on se rend a un hotel moins cher.

Apres dej' chez Ali, nous roulons une bonne etape pour arriver dans un petit village. Le tenant du bar nous invite chez lui. Sa femme et la voisine nous prepare un bon repas, tout vient du jardin. Ensuite, İvan et gerald vont boire un the au bar avec les hommes, tandis que Armelle et Amelie passe la soiree a la maison avec les femmes a discuter, coudre et manger des pop corn, tele allumee (nous ne savons toujours pas s'il existe un bouton pour eteindre les tele turques!).

On reprend la journee apres avoir fait le plein de carburant turc: le the appele "çay". A noter que les musulmans ne doivent pas d'alcool.

Le rythme de Gerald et Armelle est trop soutenu, et nous avons mal aux genoux. Nous decidons de les laisser partir devant. Eux ferons un grand tour par la cote, nous un plus petit par les terres et on se retrouve plus loin. On est un peu triste c'etait bien a quatre! A midi on sort le rechaud pour du riz et des lentilles corail, ca faisait bien longtemps.

Le soir il fait froid et nous sommes de plus en plus enrhume-e-s.  Le lit et le petit dejeuner que nous offre Ekrem un jeune de notre age, sont reconfortants. İl n'a pour le moment ni travail ni femme (l'objectif majoritaire de la vie des gens que nous croisons), il aide donc son pere a la ferme en attendant.

Nous roulons cinq kilometres et allons sur internet au bled d'apres. On cherche une cantine pour manger riz et haricots quand, non seulement İbrahim nous y emmene mais en plus refuse que l'on paye. Puis il nous invite dans sa famille. İl a 24 ans, habite avec sa femme de 20 ans, leur fille de 3 ans, son frere (sa femme et leur bebe), ses parents et grand-parents. La maison est grande mais nous sommes tous dans la meme petite piece a discuter, la seule piece chauffee: au poele a bois.

On sort les instruments, au milieu du morceau, on nous demande de nous arreter: c'est le moment du chant du muezzin (6 fois par jour), il baisse aussi le son de la tele.  Puis ils nous montrent des danses turques. On leur propose de danser a notre tour. Alors que nous voulions danser un "avant-deux", ils mettent des tubes populaires a fond sur la chaine-hifi et attendent la demonstration. Mais on ne sait pas danser sur "Titanic"!!  En soiree ils nous emmene au bal d'un mariage ouvert a tout le monde. N'etant apparemment pas habilles convenablement, ils nous deguisent en "fashion-victim", C'est la premiere fois qu'ivan met du gel..

Au mariage, les jeunes femmes dansent, les plus agees voilees regardent assisent avec les enfants, et les hommes sont tout autour debout, pas de melange. İbrahim et ses copains emmenent İvan au seul bar vendant des bieres et font comprendre a Amelie de rester avec les filles. grrrrr!

Les femmes quittent la scene de danses pour laisser place aux maries suivis de la famille. Le public, comme de tradition, lancent de gros billets sur la mariee.