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Au coeur de l'Anatolie du 11 au 24 novembre.

 

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En ce jour du 11 novembre, nous sommes invites chez Cennet, jeune retraitee qui a travaille en France autrefois. Son mari est mort et ses filles travaillent beaucoup, elle garde donc une semaine sur deux sa petite fille. La solitude n'existe pas pour les personnes agees ici. les voisins viennent puis le fils, puis l'ami, le plus souvent comme ca sans meme frapper. on boit le premier the, le deuxieme ... et on discute. On demande a un garcon dans nos ages: Que veut le PKK? İl nous repond "l'independance". Cependant, lui, approuve la guerre contre "les terroristes du PKK". İl repete beaucoup qu'il aime son pays. Nous lui disons de notre cote que nous aimons notre famille, nos amis qu'ils soient de france ou d'ailleurs...İl nous dit ne pas comprendre (anglais). En turquie les enfants s'adaptent aux rythmes des parents car tout le monde dort dans la piece commune, la seule qui soit chauffee. Les plus petits s'endorment lorsqu'ils sont epuises.

Apres une bonne nuit, nous voila a Denizli. Une grande ville avec pleins d'hotels. Nous demandons des garages ou nous pourrions mettre la tente pour eviter une note salee. Enfin, un garcon nous emmene dans un parc. Le jeune garde du parc accepte puis change d'avis, son patron n'est pas loin, mieux vaut attendre 1 heure ou 2 avant de planter. Nous attendons, 1 heure, 2 heures, 3 heures... Enfin, a minuit il nous propose de dormir dans son local. Pendant qu'İvan dort comme un loir, le garde entre et ressort sans arret de la piece ou nous sommes installes. İl propose d'abord de l'eau a Amelie, puis une couverture, puis il lui demande si tout va bien. Amelie n'en peut plus! Finalement, a trois heure du matin il nous demande de changer d'endroit car son patron va peut etre venir (a trois heure du mat'!). Amelie n'a pas dormi et commence a s'inquiter a cause de ce garde qui a l'air un peu deficient intellectuellement. Depites on s'arrete devant une boulangerie industrielle. İls nous invitent a boire un the et manger du pain. Nous finirons la nuit en leur conviviale compagnie.

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Le lendemain, ou plutot dans la continuite de cette longue journee, nous allons a une banque pour changer des travelers cheques. Premiere banque, la commission est enorme! On refuse. Deuxieme, on fait tous les papiers (1 heure en comptant l'attente). Et la, ils nous demande un numero que nous n'avons pas. rate! Troisieme banque, les employes s'y mettent a trois pendant 1 heure... Ouf c'est la bonne! Dur dur apres une nuit blanche...On part enfin de cette ville...sous la pluie!

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En turquie, presque toutes les maisons sont equipees de chauffe-eau solaire. Alors, pas de soleil, pas d'eau chaude.

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Beaucoup de maisons sont chauffees au charbon, directement mit dans le poele. L'hiver, un nuage jaunatre surplombe beaucoup de grosses villes et l'odeur est tres desagreable. Autres energies: bois, bouses sechees, electricite (on a notamment vu pas mal d'eoliennes). L'ecologie n'est pas une priorite ici. İls font avec ce qui coute le moins cher. Nous voyons beaucoup de dechets sur le bord des routes (comme en europe de l'est) et souvent des gens jeter cassettes audio, bouteilles, papiers et autres detritus par la fenetre de la voiture!

 

Le soir apres une rude cote boueuse, on dort chez le maire d'un petit village.

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Huseyin a 36 ans, sa femme Elif en a 19! İls ont un petit garcon... Amelie mange avec les cousines d'huseyin. Elles lui demandent: "comment s'est passe ton mariage". Amelie fini par expliquer qu'en france on ne se marie pas systematiquement... De son cote, İvan explique en fumant une cigarette devant la tele (avec les hommes) que le mariage s'est deroule juste avant le depart, oups! Nous mangeons ensuite le repas, vers 17h, les femmes dans une piece et les hommes dans une autre. L'İmam est atable avec les hommes et chante pour remercier Allah de ce bon repas. De notre cote nous remercions les femmes. Le grand pere dit a İvan: "tous les musulmans sont bons!" İvan repond que nous avons rencontre des gens bons dans chaque pays. Difficile d'expliquer que la definition du "bon" est differente pour chaque religion, chaque culture et en fait chaque personne de ce monde...Vers 20h nous mangeons la petite colation du soir garnie de fruits (grenades, coin,pomme... )et de graines de tournesol entre autres. Le lendemain la question tombe: Etes vous reellement maries? İvan tente une explication: "pour nous c'est comme si on l'etait meme s'il n'y a pas eu de ceremonie, de signature." Mais  pour eux, la signature et la ceremonie font tout. Les differences culturelles commencent a se faire sentir.

Le lendemain, on dort chez des retraites socialistes. On teste le raki, sorte de pastis local. Le mari nous chante une belle chanson traditionnelle, nous leur jouons un morceau...La discution est plus facile qu'hier soir. On repart un peu mieux reposes.

On s'arrete le soir dans un cyber cafe. Aussitot, le patron (qui a notre age) nous invite a manger et dormir. İl parle en anglais, chose rare en turquie. İls ont notre age, sont maries et ont une petite fille de 2 ans environ.

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 On redemande: que pensez vous du PKK?". Cette fois, on nous repond: " ce sont des athes communistes, ces hommes n'ont meme pas de religion...". On n'y comprend plus rien... Le matin, on visite le bazard du coin (marche). Ensuite, Umit nous aide a comprendre un peu mieux ces compliques d'ordinateurs! Enfin, on sait utiliser MSN. Ces jeunes gens semblent un peu perdus. İls aspirent a une vie plus moderne et se sont faches avec leurs parents apparement plus traditionnalistes. Elle, est tres pratiquante: elle prie tous les jours, lui non. İls nous disent que notre passage les a decide a venir un jour en france et ont l'air affecte par notre depart. L'echange est d'autant plus fort que nous avons le meme age. "et si on etait eux?"!!

Dans la journee, nous longeons un beau lac.

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 Les montagnes autour s'elevent a plus de 2000 metres d'altitude. Le soir, Osman nous invite dans la maison inhabitee d'un petit village. Nous avons la chance d'assister au tissage d'un tapis. L'ambiance est sympa, nous sommes avec les femmes et les enfants, les hommes eux sont au "bar-the-tele-clope". La discution est plus facile avec les femmes, on arrive a communiquer avec nos quelques mots turcs et a expliquer qu'en France les relations familiales ne sont pas les memes qu'en Turquie et qu'on n'est donc pas maries. Quelle plaisir de pouvoir echanger, discuter en toute integrite. En soiree, elles font une pause colation, pop-corn maison, graines, fruits.  Amelie apprend la base du tissage pendant qu'İvan tricote ou joue de la musique. Les enfants essaient chacun leur tour violon accordeon et ... tricot: Allah qu'il sont doues!

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On s'enfonce dans des coins plus montagneux. Le pauvre velo d'amelie en a encore pris pour son grade! Apres une rude cote, on se retrouve a 1600 metres d'altitude! Deux hommes dans un camion nous proposent de nous avancer. Malheureusement ils ne vont pas vers le meme village et nous ne souhaitons pas qu'ils fassent un detour pour nous... En haut, a notre surprise, ils nous doublent! İls nous disent "vennez dans le camion, la route va vers la gauche et ca monte dur!". Nous n'avons pas confiance et pour cause: on vient de nous dire de prendre la descente de droite! Nous accelerons dans notre veritable direction: İls nous doublent a nouveau... On s'arrete pour boire un coup et reflechir a la situation. La, on entend des voix et une porte claquer au devant. Ne voulant pas remonter, on prend le risque de passer a fond. İvan prepare meme baton et couteau ouvert pour le cas ou! (un peu parano le gars!). En haut d'une petite montee, İls mangent des fruits! On les regarde droit dans les yeux. Le moteur redemarre derriere nous. On fonce jusqu'au village tout proche. Quand İls nous doublent a nouveau on reste devant les habitations. On nous invite aussitot pour un the. C'est decide, on reste dormir ici quoi qu'il arrive! On ne connaitra jamais les reelles intentions de ces deux hommes...

Kadir, le maire du village nous invite. İl est  en train de construire la future mosquee avec des ouvriers payes par les dons de ce minuscule village. On devient des experes en mime. Un fou rire nous prend et decontracte on ne peut plus l'atmosphere lorsque İvan mime qu'il ramone les poumons du grand pere decede a cause de la cigarette...İl ne peuvent s'empecher de rire. İvan rira de sa betise une demi-heure dans la chambre par la suite. 

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Aujourd'hui 18 novembre: bonne anniversaire maman Marie-Claude. Une grosse descente: trop bien! Puis, une voiture nous double et s'arrete devant nous. La petite famille en descend pour nous offrir des fruits. Encore trop bien!! Mais ne pas se rejouir trop vite: un rayon casse, toujours sur la meme roue. İl nous faut demonter les pignons, nous n'avons pas ce qu'il faut pour reparer.. On marche 7 km. A la ville la plus proche, tout le monde veut nous aider mais personne n'y arrive! Le seul magasin de velo est a 40 km.

Un gentil monsieur, Adem, nous acceuil le soir. Sa femme n'est pas la. Et, chose exeptionnelle, il nous fait a manger. Comme beaucoup, il nous dit de laisser les velos sans cadenas, mais insiste pour que l'on verrouille notre chambre. İl est vrai que peu de gens ont idee du prix des velos. Une fois quelqu'un nous a dit: "Si on vous les vole, je vous en rachete, no probleme". Apres avoir pris connaissance du prix( 800 euros piece): "probleme!".

Nous partons le lendemain en stop avec un livreur de charbon. La-bas,un mecanicien competant repare roulements et rayon avec une facilite deconcertante. İl nous previent qu'une piece est usee et qu'il faudra aller a Konya pour la trouver. On est content, on repare. Le paysage est magnifique, les arbres sont remplis de couleurs d'automne, et les sommets sont enneiges.

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 Mais ne pas se rejouir trop vite: un autre rayon casse! On repare (mecanique)....sous la pluie froide dans une ville blindee de millitaires.

En turquie les militaires sont tres bien consideres, voire admires. C'est un honneur de faire son service militaire , 15 mois durant et c'est aussi une obligation.  Lorsqu'on demande aux hommes s'ils ont aime l'armee, tous repondent positivement, meme si chez certains, on sent qu'il est  socialement et patriotiquement conseille d'aimer le service militaire.  İls sont surpris d'apprendre qu'en France il n'est plus obligatoire. "Peu de religieux, pas de service militaire, peu de mariages, mais qu'y a-t-il en france?"

Quelqu'un accepte que l'on plante notre tente dans son jardin. Mais dix minutes apres, une enorme averse orageuse transforme le terrain en ruisseau. Depites, on remballe. Un homme revenant de la mosquee nous emmene chez lui.

Aujourd'hui 20 novembre, il pleut, il fait froid, on est a moitie malades, et la chaine d'İvan casse. Decidemment! Pour une fois, on demande directement un hotel dans la ville. Mais y en a pas! C'est Musa un homme de 76 ans qui nous offre hospitalite dans sa grande maison.

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Dans sa maison c'est le bordel tel l'appart' d'un etudiant. Sa femme et ses enfants sont en France. Musa est ne a peu pres (nous dit-il) en 1932. Et apres son service militaire de deux ans ( a l'epoque), il est alle en France pour gagner de l'argent. İl parle donc un peu la france! Musa ne parle que d'argent et de ses business. Ses fils tiennent deux discotheques en france et lui, rentabilise ses dix loyers et ses quelques hectares de pommes en plus de sa retraite. On lui montre nos photos de famille, a la vue de  nos maisons (seconde photo), il parle pendant 10 minutes de toutes ses reparations et reventes de maisons, puis referme l'album.

Selon Musa, l'AKP ( au pouvoir actuellement) sont des islamistes qui se disent moderes. Et le PKK serait constitue de personnes payes par les Etats-Uniens pour combattre la Turquie. Pour lui, un pays qui interdit le divorce est synonyme d'un pays libere. Cependant, il respecte tous nos points de vue et garde toujours le sourire. Musa est par contre un peu dur d'oreille: il dort, tele allumee a fond, nous sommes pourtant deux pieces a cote et ca nous empeche de dormir. C'est un peu comme une colocation, c'est drole. Nous restons deux nuits pour repartir en forme.   

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Nous continuons sous le soleil, admirant les monts enneiges et les petits villages. Le soir, un vieux monsieur s'obstinant a nous parler allemand (comme beaucoup en turquie), nous emmene chez lui. Nous partageons les chambres qu'il loue a des etudiants. İl vit avec son fils de 40ans, Ahmet, avec qui nous avons des discutions tres interessantes. Ahmet a beaucoup voyage (en stop en europe) et connait beaucoup de choses sur la politique et le monde. İl se dit anarchiste. Selon lui, le PKK etait, au debut des athes communistes qu'il approuvait. Mais maintenant, ce sont des groupes de terroristes finances par l'AKP, les Etats-Unis : l'imperialisme. Ce qu'il nous dit recoupe tout ce qu'on a pu nous dire avant, ca s'eclaircit un peu plus dans nos tetes.

Le soir on sort avec les etudiants, tous bras-dessus, bras-dessous. İls sont tres tactils. On fume un narguile au bar, et en milieu de soiree, des policiers rentrent. İnquiets les etudiants nous demandent si on a nos passeport. İls nous expliquent que c'est un controle journalier. Les policiers sont tres respectes et ces jeunes ne voient pas d'inconvenients a se faire controler sans arret. Nous leur expliquons qu'en france, une telle intervention provoquerait la colere de tout le bar!! On s'etonne que les etudiants se couchent si tard alors qu'ils ont une matinee d'exam' le lendemain. On decouvre en fait qu'ils n'ont que deux QCM d'une demi-heure! En Turquie, les cours ont l'air tres leges; nombre de personnes apres 8 ans d'anglais ne savent dire que "hello" et "what's your name?"

Apres une superbe journee ensoleillee, nous arrivons dans un petit village ou l'on nous propose une piece inhabitee comme logis: parfait! Un poele (laissant a desirer) et des matelas, on manque de s'etouffer a cause du charbon mais c'est quand meme chouette! Au petit dej', on constate que la saison des tomates expire, on nous offre des patates chaudes..mmh! Le soir, rebelotte, on dort dans la "misafir hane" (maison de l'hospitalite) du village. Elle n'est habitee que par les gens de passage et entretenue par tous les gens du village. İci, il y a peu d'habitants, mais comme dans beaucoup de village il y un coiffeur, une blanchisserie, trois maisons de the ("çay hane"), deux mosquees, une boulangerie, un ou deux market d'alimentation. On ne croisent pas ou seulement aux abords des tres grandes villes, de grandes surfaces.

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