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Les indes 1 ere partie, de Mumbai a Agra, du 9 fevrier au 5 mars.

Image  dubai

La p'tite intro!

Nous avons quitte l'Iran depuis un mois pour rejoindre l'Inde en avion. Nous sommes un peu decu-e-s de ne pas avoir tente le Pakistan. Nous aurions pu, d'autres cyclistes, plus temeraires et y sont parvenu sans encombre il y a peu... Mais comme dirait certaine..."la contradiction est une vrai richesse"

Cette article est long puisqu'il couvre presque un mois de notre voyage. L'inde est un pays de contrastes, souvent deroutant, fatiguant et meme parfois revoltant. Avant notre depart nous avions l'image d'un Iran dangereux, sexiste et extremiste, et d'une Inde ou reigne paix et serenite malgre la misere. Nous sommes plus nuances aujourd'hui. Toutes les femmes des campagnes indiennes ont le visage entierement recouvert d'un voile, nous n'avions jamais vu ca en iran! Le systeme des castes, bien qu'officiellement aboli est toujours bien present, et la segregation entre etre humain est plus forte que partout ailleurs. L'homme le plus riche du monde est aujourd'hui indien. L'entre aide qui existait en Iran est inexistante en Inde et nous voyons des gens mourir sous le nez de riches patrons impitoyables gardant la quasi-totalite de leur benefice pour eux meme...

S'il est extrement enrichissant de visiter l'Inde, c'est loin d'etre le pays des merveilles. 

Un samedi 9 fevrier, atterissage dans la ville de Bombay vers la decouverte d'une autre culture.

Recuperation de bagages...o joie, il en manque un. Bureau des reclamations: "revenez demain". Alors on remonte selles, pedales et kaxons sur les velos et on attend. On recoit l'ordre des gardes d'entree avec baton, d'attendre dehors.  De nombreuses personnes nous proposent hotel et taxi toutes les minutes. On somnole... a 8 h du mat', on se enseigne, on nous dit de revenir le soir. Bon... Au leve du jour donc, on enfourche les velos pour nos premiers coups de pedales dans cette nouvelle ambiance. Cette grande ville (comme on ne les aime pas en general) grouille de taxi, velos, pietons, rickshaws (taxi-mobylette). C'est parti, on roule a gauche, un camion nous double klaxon dans les oreilles, si tu ne te pousses pas c'est tant pis pour toi! Ici un homme fait sa toilette a deux metres de la route; la, une femme lave le linge sur la route dans un filet d'eau en provenance des egouts; attention! une vache traverse, tout le monde s'arrete. A gauche, sous une tole des hommes boivent le the indiens au lait et epices, appele tchaii. Les femmes portent le saris (un grand drap enroule autour du corps de facon a ce que ca tienne). Fini les chadors! Les femmes entretiennent leur chevelure avec de l'huile vegetale. Elles ont bien souvent bracelets et bagues au pied, signes de mariage.

Changement d'alphabet: hindi!

Cette entree en matiere nous deboussole, et la nuit blanche ne nous reussit pas. Mais ou on est la? Recherche d'hotel: les prix sont exhorbitants (1500 roupilles en moyenne, soit 30 euros) et il est hors de questions qu'on ne trouve pas moins cher. Apres 4 heures de recherche, a jun, et stresses par la ville, on trouve un hotel a prix resonnable vu l'endroit (650 roupilles)  

On est a bout de force, on n'a pas mange depuis la veille, Ivan n'a pas dormi, il fait chaud, on a perdu une sacoche: l'arrivee est cahotique. Pauvres petits touristes que nous sommes!!

Petite promenade dans les rues indiennes

Apres une sieste, une petite promenade dans le quartier. Les rues sont bruyantes, klaxons toutes les secondes, animations ininteromptue, vendeurs de fruits et legumes. On mange un regime de bananes locales! Les gros 4 4 foncent en klaxonnnant et imposent au rickshaws de se faufiler en evitant de bousculer les pietons. En Inde, les plus gros vehicules et les plus gros klaxons passent les premiers!

On entre dans un restaurant. La nourriture indienne et vegetarienne est un delice. Riz ou pates melanges aux legumes et epices, accompagnes de lentilles, herbes.. Un regal! A la carte, que de varietes de plats sans viandes ni lait!

Dans les ruelles, marches toute la journee, stand ou tous les fruits et legumes sont exposes: grosses carottes rouges, patates, choux, oignons frais ou non, herbes(persil, menthe, aneth...) grenade, banane, noix de coco, pomme, petits pois... Des femmes et hommes confectionnent des colliers en fleurs qui sentent bons.

Les indiens ont compris que le klaxon servait a signaler l'arrivee d'un danger.  Et, etant pour la plupart des dangers publics: ils klaxonnent tout le temps!  Des qu'une voiture recule, une musique se met en route: la lambada ou titanic...v'la le basard! Les indiens officiellement circulent a gauche ....sauf exeption!!

On decide de se faire a manger et de ne pas succomber a la tentation de se faire des resto tous les jours, malgres les petits prix et succulents plats.

On passe notre derniere nuit a Bombay (rebaptisee Mumbai) apprehendant  l'inconnu des journees a venir. Ouf, nous avons retrouve notre sacoche! Mais ou allons nous dormir? Allons-nous planter la tente? quelles relations aurons-nous avec les gens?

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On reprend les velo!

Au matin, nous quittons la ville dans les pots d'echappement des gros camions de toutes les couleurs. La circulation est folle sur la quatre voies. On risque notre vie au moindre ecart. Tous les sens sont en eveil. On en prend plein les oreilles, mais aussi plein la vue, en decouvrant d'enormes bidons-villes en toles, au pied de gigantesques immeubles de luxe.

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Une femme se lave, les seins a l'air, sur le trottoir. Un enfant fait pipi devant les quelques metres carre de maisons. D'autres se lavent les dents. 

 Des vendeurs de fruits et legumes poussent leurs charettes sur roues. Des cyclistes portent de gros bidons de chaque cote de leur vieux velo. Les fosses sont recouverts de dechets. Beaucoup de personnes fouillent les tas d'ordures esperant en tirer quelque chose. A la sortie de la ville, on voit d'immondes ruisseaux puants. Tout ceci contraste avec les tenues chatoyantes des femmes. Ici plus qu'ailleurs, la proprete sur soi est signe de respect et de richesse. Ceux qui sont sales ne le sont pas par negligence mais par pauvrete.

Ici et la des enfants jouent tous nus,  On peut apercevoir a travers la porte inexistante d'un bidon-ville un enfant se faire laver dans un seau par sa maman. Au bord de la quatre voies, la voisine souffle sur son petit feu de bois entoure de quatre briques pour faire a manger.

On quitte enfin la ville pour entrer dans la campagne. Une grande foret s'offre a nos yeux, paysage un peu gache par de gros hotels de luxe dissemines ici et la. On stress un peu: ou va t-on dormir? Le camping sauvage n'est jamais tres rassurant dans un univers aussi different. On demande a camper a l'arriere d'un hotel a 20 euros: impossible, les belles pelouses vertes arrosees servent a emplir de beaute les yeux des riches, point barre! On nous dit pour nous faire partir qu'il ya un hotel a 1 km beaucoup moins cher. En realite, 10 km plus loin, apres s'etre fait refuse dans une ecole, on atterit dans une ONG qui loue des chambres a l'occasion Ouf!

L'ONG...

 Cette endroit recoit les dons de 25000 adherents pour differentes actions sociales dont l'enseignement pour les enfants pauvres de la region. On nous dit: "ces enfants ne parlent qu'une seule langue, la langue regionale". Il faut dire que contrairement au francais, la plupart des indiens sont bilingues. En effet chaque region d'inde possede sa propre langue. Les enfants recus ici ont entre 6 et 12 ans environ et ne voient leurs parents que 2 fois par an. On assiste a leur repas, un vrai spectacle! D'abord, une priere collective. Puis, des sortes de cris de groupe genre "hipipip houra" que l'une des enfants (ecole de fille) scande pour que les autres repondent le point en l'air. On les trouve etonnement calmes durant le repas. La maitresse, elle, ne le voit pas de cet oeil: tous les enfants de la table de droite recoivent un coup de baguette sur lamain avant d'aller nettoyer (comme tout le monde), leur assiette. Comme elles mangent avec les mains, y'a que l'assiette a laver. Nous ne mangeons qu'apres. La sauce pimantee que nous croyons etre une soupe nous vaudra quelques bouffees de chaleur!!

Nous discutons avec un patron retraite, cherchant sans doute ici un moyen de soulager sa conscience. A la vue de nos instruments, il nous propose directement de jouer pour les enfants. Elles ecoutent sagement, peut-etre plus par peur de la baguette que par amour pour le chant gallo, enfin... On fini la soiree en compagnie d'une jeune institutrice en etude dans une prestigieuse ecole d'art. On ne voit que les photos de ses oeuvres, cela suffit a nous impressionner. Elle maitrise toutes sortes de techniques et connait aussi bien l'art moderne que l'art traditionnel d'une extreme precision.

Le soir, avant de se refugier sous notre moustiquaire, on croise (dans la chambre), la plus grosse fourmie, araignee et chenille de notre vie...!

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Jour du marche

On reprend le pedalier sur la petite route menant de l'ONG a la route principale. Cette jolie et calme departementale, s'est transformee dans la nuit a une piste de course de camion: aujourd'hui est jour de marche, ce qui provoque un enorme embouteillage. On en profite pour acheter des sandales pour Ivan dont les pieds commencaient a fermenter dans ses bretquins d'Erzurum. Une petite pasteque n'est pas non plus de refus dans ces temperatures de 30-35 degres. Encore une fois, on en prend plein les yeux, les produit de la mer, les fruits, les herbes et les epices tout ca dans une maree humaine multicolore.

Employes ou esclaves?

En route, on voit comme hier, des femmes en sari, des hommes et parfois des enfants, travailler dans les fabriques de briques. Pas d'engins motorises: nous voyons des enfants transporter une a une des pierres d'un tas a un autre. Souvent, le patron est assis dans sa chaise a regarder ses "ouvriers" dans ses beaux habits. Son 4*4 est gare non loin alors que ceux que nous preferons appeler "esclaves" n'ont meme pas de sandales. Nous apprenons que les indiens sont souvent payes moins d'un euros par jour... Cela nous revolte, qu'est-ce qui a conduit les hommes a se traiter ainsi entre eux? Peut-etre que la colonisation y est pour quelque chose? Peut-etre que l'etat d'esprit pacifique d'une majorite d'indien, permet a une minorite d'en profiter ? Peut-etre un heritage des castes, legalement abolies en 1961, mais toujours presentes en verite.

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Le luxe indien

On s'arrete manger dans un restau un peu hupe a notre gout, de riches indiens tendent le pot d'eau a un serveur pour qu'il leur remplisse leur verre, en le sermonant de ne pas avoir pris l'initiative assez vite. Nous, on arrive vetement a moitie dechire et noir de poussiere, suffisement blanc de peau sans doute pour qu'on nous ouvre la porte avec un sourire. Les serveurs sont toujours surpris qu'on refuse de se faire servir et qu'on leur parle pas comme a des chiens...

"Qu'est ce que vous pouvez bien transporter dans toutes ces sacoches????"

Nous croisons beaucoup de femmes transportant le linge ou ramenant l'eau du puit sur leur tete. Des qu'on s'arrete des curieux s'amassent, les yeux se tournent vers les velos "good cycle!", et vers les 10 sacoches, "Why?" Pourquoi avez vous tout ca, qu'est que ca peut bien etre? La plupart des gens possedent 10 fois moins que ce que l'on emporte en voyage. On explique:" les habits d'hiver et d'ete, la pharmatie et les affaire de toilette (eux ont le puit et un savon, sans doute aucun medicament), un rechaud a essence (beaucoup cuisine au bois ou a la bouse sechee), une tente (sans doute de meilleure qualitee que certaines tentes bidon ville), appareil photo (personne n'en a), duvet polaire et matelas autogonflant, (ce premier est parfaitement inutil ici et il se passe allegrement du second, une couverture suffit)........ Evidemment, certains indiens ont bien plus que ce que nous possedons, mais  le cachent dans leur grande maison ou dans leur 4*4 aux vitres tintees. Resultat, alors qu'on nous prenait parfois pour des clochards errants en France, on passe ici pour de veritable nantis!

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petite route cotiere

Le lendemain, nous longeons la cote sur de super petites routes de campagne. Nous croisons des bananiers, des cocotiers, on se mange notre premier ananas. Des enfants en uniforme vont a l'ecole a pied ou bien se font un plaisir de nous doubler avec leur velo rouille. Un petit garcon de 5-6 ans porte un bebe avec difficulte, sa mere ayant deja les bras occupes. Un homme se repose dans son hamac tandis qu'en face, les femmes et les filles s'affairent a laver le linge au lavoir...

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Mariage de riche

Le soir, apres avoir trouve un hotel bon marche, les trompettes et les tambours retentissent. On assiste au defile de deux jeunes mariee (riches), les musiciens en cortege de fanfare, le marie et son pere sur un elephant et la mariee dans un carosse a l'arriere. La sono (des vieux haut parleur relies a un groupe electrogene) est mise a fond, parfois, des tambours jouent un morceau et les trompettes un autre (volontairement). De toute facon, le but n'est pas que ce soit joli, mais plutot que ca fasse du bruit. Un mendiant s'approche du cortege, un membre de la famille le repousse violement: "pas de tache dans notre beaux mariage!". Nous, les blancs bec, pas de probleme, meme en guenille, on pourrait serrer la main du marie! D'ailleurs, celui qui a rejete l'intrus un peu plus tot, nous invite cordialement a partager le petit dejeuner avec lui demain matin!

Premiere invitation a manger!

On se retrouve donc le lendemain matin dans la patisserie d'Anil. Il ordonne a ses employes d'amener prestement le service pour ses invites. Il veut tout nous donner, gateaux, fruits... On refuse tout ce qu'on peut. On lui demande si il travail beaucoup: "non, pas trop, je suis parton vous savez"...

Comment traverser un estuaire a velo??

Les petites routes, c'est cool, mais parfois, elles disparaissent. Pas le choix, la traverse de ce petit estuaire devra se faire en bateau. Un enfant emmene fierement les 2 touristes au port de peche. Les hommes transportent du poisson et les femmes trient les crevettes. Ils nous aident a placer les velos sur le bateau et nous interdisent de payer. De l'autre cote, les femmes nous aident a pousser les velos sur le sable. On s'arrete pour un encas pres du puit du village. Des petites filles remplissent des pots d'eau qu'elles emmenent sur leur tete au village. Leur semblable masculin s'ennuie sur leur velo et leur mobylette...!!!!!!!............

est ce qu'on peut camper dans le jardin?

Nous arrivons en fin de journee a Daman, ville fortifiee anciennement colonisee par les Portugais. L'enceinte fortifiee ressemble a une ville touristique genre st Malo en plus petit. On se dit :"y'en a marre de l'hotel, on veut camper. Mais plutot dans un jardin ferme car il y a plein de chiens et de cochons sauvages dans les rues. On demande: "refus", on redemande:"refus". Bon puisse qu'il a une eglise catholique, on peut planter dans le jardin de l'eglise, un pretre ne peut nous refuser trois metres carre pour une nuit! Et ben si. On est hyper ennerve, on a envie de lui lire la bible. Il possede une enorme maison derriere l'eglise et tout un jardin fleuri. "Oui mais comprenez vous, cette endroit appartient au gouvernement qui a interdit d'offrir l'hospitalite". Hors, dans toutes les enormes maisons de ce quartier, vivent principalement des membres du gouvernement!

Piere et nuit dans un temple "hindou"

Le lendemain. On cherche la mer. Un grand-pere dans un village nous indique la route a suivre sans meme qu'on la demande. Tu m'etonnes! on arrive en face d'un grand temple ultra touristique. On nous refuse l'acces a la terasse du resto avec les velos. Enerves, on fait demi-tour. Le soleil va se coucher, on doit trouver un endroit ou dormir. Par hasard, on demande au moines du temple. Il nous offre logis et diner, dans la grande residence situe en face du temple qui recoit des moines en etudes ou des pelerins. Trop biens! Nous assistons a la ceremonie religieuse hindouiste, du dimanche soir, a laquelle assistent certaines personnes du village. Les hommes sont assis devant, sur une moquette, et les femmes sont derriere sur une bache plastique...comme d'hab.

Sur scene, les saints(comme ils les appellent) en toge orange parlent a tour de role pendant une demi-heure a 45 minutes. Ces seances sont entrecoupees de musique avec tablas (percussions), sitar (guitare), chants et autres.. Lorsque qu'Amelie demande a des filles, et Ivan de son cote a des gars, pourquoi les femmes sont derriere, on nous repond: "parce que c'est la regle"!

Apres une cure de trois semaines, la tentation est trop forte, Ivan trouve des Bidis (cigarettes a l'eucalyptus et au tabac). En inde, peu d'hommes fument, mais chiquent le tabac, le machent donc et crachent une sorte de pisse rouge..mmh!

Apres le petit dej, on participe a une ceremonie plus personnelle. Nous sommes huit personnes assises en tailleur sur un petit tapis, ayant une coupole d'eau et une cuillere devant nous. Le saint qui preside la ceremonie recite des phrases et nous colore le front au safran. Il nous invite a faire des souhaits concernant le monde ainsi que notre personne. De temps a autre, nous nous versons de l'eau sur le front. Dans l'hindouisme, ilexiste de nombreux dieux. Chacun de ces dieux ont vecus et son la materialisation du dieu unique a diffrents moments de l'histoire. Le dieu du temple ou nous sommes s'appelle Swaminarayan et vecu il ya 200 ans. Les hindouistes pensent que les humains vivent pour atteindre la sagesse, et qu'ils sont reincarnes s'ils ne menent pas une bonne vie. Cette religion semble tolerer toutes croyances et tous chemins menant a la spiritualite. Cependant, selon la religion, la societe est divisee en castes plus ou moins respectees et gradees. En haut de la pyramide du respect se situe la caste des Brahmanes (chefs spirituels), puis les Guerriers,  des  commercants et enfin des agriculteurs.  La majorite de la population, la plus pauvre est consideree hors castes et appelee "intouchable". Mais les gens accepte ce schema puisque leur statut social depend de la vie qu'ils ont mene (bonne ou mauvaise) avant la derniere reincarnation. Le but etant d'atteindre le nirvana et quitter le monde humain, un monde de souffrance et de labeur.

Ce que l'on constate c'est que cette situation arrange bien les riches, et que rien n'est fait en terme d'aide a la sante ou a l'education. Les personnes parlant anglais sont de caste superieures, ou des grands-peres et grands-meres ayant connu la colonisation anglaise. 

D'autre part, la femme est tres peu consideree. Elle sert a faire la cuisine et garder les enfants. Meme si dans les grandes villes, la place de la femme evolue, la majorite des mariages sont arranges par les peres, et la femme passe de la tutelle de son pere a celle de son mari. Bien que ce ne soit pas obligatoire, les femmes se voilent les cheveux et le visage, particulierement dans les campagnes.

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Scenes de la vie

Le lendemain, on croise des habitations tres spartiates, en bache ou en toile, au pied du lieu de travail: une grosse usine crachant une fumee degueu. Encore et encore des femmes lavant le linge dans un lac, pres d'un puit, ou dans une flaque d'eau. Des hommes et des femmes creusent a la pioche des tranchees. Une femme epuisee dort a cote de la tranchee le temps de quelques minutes de repos. Son petit enfant la regarde.

Un enfant traverse une quatre voies avec son troupeau de vaches "in india, no problem!"nous dit-on souvent.

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Un petit cadeau porte bonheur!

On arrive a Surat. Il fait chaud, ca pue et il y a du bruit:la ville. En plus c'est le stress de la circulation. On deteste mais on est en plein dedans. A un croisement, un homme dans un rickshaw, le visage peint et en petite culotte, tel un indien d'amerique comme on peut les imaginer, nous offre une petite boule en bois appelee Rudrakcha, parait-il porte-bonheur.

Rencontre d'une association indienne de protection de l'environement

En recherche d'une guest-house, Darshan nous accoste. Il nous demande pourquoi on fait du velo et nous explique qu'il fait partie d'une association qui lutte contre le rechauffement climatique et prone le velo comme moyen de deplacement. Mais en ville indienne, il reconnait que ce n'est pas evident. Il nous emmene dans son local. Il invite un journaliste du "Times Indien" pour les pages locales a qui on raconte notre voyage. Cette association a aussi comme mission la protection des animaux. Ils soignent les chiens, dromadaires, oiseaux..etc accidentes ou malades. On se dit que soigner des animaux c'est bien, mais ne pas laisser mourir de faim les pauvres gens, c'est mieux. A  Jaipur, on a vu un vieillard, la peau sur les os, presque sans vie, et des gens passer a cote de lui. Rien n'est fait. Le pouvoir reste aux mains des riches qui se foutent bien de la condition de la majorite pauvre de l'Inde.

un ami de l'association nous invite a passer la nuit dans son hotel de luxe

  Darshan souhaite nous trouver logis et couvert. Nous faisons donc 5 km dans la circulation effrennee, Ivan a l'arriere d'une moto et Darshan sur le velo d'Ivan. Nous arrivons a notre grand etonnement devant l'hotel le plus luxueux de Surat. Zubin le proprietaire est un copain d'enfance de Darshan. Ils nous loge donc gratuitement dans une chambre a 40 euros la nuit. Ils nous laissent nous pauser un peu et nous convient  pour le diner, situe au dernier etage, sur une plateforme tournante permettant de voir toute la ville en mangeant...c'est c''laaaaa oui! Zubin nous explique qu'il possede deux hotels et une patisserie herites de sa famille. Il nous explique aussi que son engagement ecologique consiste a planter des millions d'arbres dans la region. Il nous dit: "demander a des gens de lacher leur moto ou voiture, ils ne le ferons pas" On parle un peu politique, nous ne sommes pas toujours sur la meme longueur d'ondes. Cependant, notre statut de voyageur a velo l'oblige a nous ecouter avec grand sourire.

On a rendez-vous le lendemain matin pour une interview!!

Au matin, c'est la pure folie. Deux, trois cameras et un bon nombre de photographes sont la. Ils nous demandent de rouler doucement pour des prises de photos. Ils repoussent violemment les curieux et cognent dans les rickshaw. Nous sommes assailli de partout. La situation est comique et ridicule. Un policier repousse les gens avec un baton!

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Puis camera sur l'epaule et micro en main, le journaliste nous pose des questions. Ils nous demande une dizaine de fois combine de pays on a traverse. Le nombre semble lui tenir a coeur. Ce a quoi on repond autant de fois que l'important est la decouverte du monde dans sa globalite, et la rencontre des gens.On lui dit que la pollution est le resultat de la vie des riches de cette planete et que c'est a eux qu'il incombe de trouver une solution.

On repart suivit d'un motard et son journaliste. Et bientot d'un troupeau de moutons.

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V'la l'bordel ici!

Deux jours plus tard, a Bharuch, on negocie le prix pour un hotel. Pas de probleme. La chambre n'est pas nickel mais ca ira. On monte les bagages mais voila que la chambre est fermee.? L'employe nous demande d'attendre 10 minutes et  on pourra y aller. Pourquoi?! On ne comprend pas bien. Elle est libre ou pas cette chambre!? Au bout d'un quart d'heure d'attente, on redemande a l'employe. Il nous demande d'attendre 30 minutes. Quoi?? On veut comprendre on s'enerve un peu.  Il nous explique qu'un homme et une femme sont dedans pour 10 minutes mais qu'il n'y a pas de probleme???!!?!?!? Ah d'accord! Ivan veut partir. Mince on a deja paye. On hallucine On refuse de dormir dans cette chambre, il nous en donne une autre.

Nous prenons le train de Vadodara a Jaipur pour rejoindre les parents d'Amelie venus pour nous voir.

Apres avoir remue les bagagistes qui ne connaissaient pas encore la destination de nos velos apres 30 minutes d'emballage, 20 minutes d'attentes et 20 minutes de paperasses a demi-utiles (Rien de tres rassurant). Nous montons dans le train a minuit au lieu de 22h30. On est fatigue-e-s, et apres reflexion, on est pres a payer une amende pour se refugier dans une couchette de 2 eme classe. D'ailleurs, avec nos 10 sacoches, rester a l'arriere aurait ete probablement impossible. Avec l'amende, la totalite du voyage nous revient a 24 euros pour 800 km. On entend regulierement des voyageurs dans le monde effares par le prix du train en france. Ils nous disent: "autant prendre l'avion!". Effectivenment, le prix exorbitant du train francais est presque une incitation a polluer davantage en prennant l'avion...

12 h de train, une etude sociologique complete

Au matin, le monsieur du dessous nous ordonne de nous lever pour qu'il puisse s'assoir. (Alors qu'il y a de la place en face). Peut-etre n'est il pas reveille. Cependant, il ne nous adressera pas la parole de la matinee. Il ouvre la fenetre sans nous demander notre avis ce qui oblige tout le monde a mettre un pull. Les enfants se serrent contre leur mere. De temps a autre, des vendeurs de nourriture ou jouets passent, le pere des enfants voit un pistolet qu'il veut offrir a son fils. Malheureusement le fils ingras jete son devolu sur l'adorable poussin jaune. Le pere refuse et achete quand meme le pistolet. Le fils oublie le poussin en jouant a tuer sa grande soeur qui elle, n'a rien eu du tout. Regulierement egalement, des enfants passent avec un balai dans les compartiments pour nettoyer. Ce meme monsieur arrete de jouer a montrer ses muscles a son fils pour donner l'ordre a l'enfant balayeur de ne pas oublier les petits coins On leve donc nos pieds pour qu'il puisse s'executer. Il le paie une roupille (2 cts d'euro). Bref, rien de tel qu'un peu de train pour une etude sociologique.

Arrivee a Jaipur 

Ouf, on recupere nos velo a l'arrivee, mais sans le klaxon d'Amelie denomme "pouet" qui avait fait fureur jusqu'ici. Les voleurs (les employes), ont du le devisser a l'aide d'une clef. RRRRh! En ce dirigeant vers le point de rendez-vous fixe avec les parents d'Amelie, un homme nous accoste, il est musicien, "rom" nous dit-il, et nous presente les photos de son voyage d'un an en france avec une troupe. Il est aussi marionnettiste. On lui dit qu'on reviendra demain.

Bonjour papa, bonjour maman!!!

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Nous passons donc la soiree avec Jacques et Marie-Claude dans un hotel. Pas mal d'emotions apres 7 mois et demi de separation! On recoit pleins de photos et cartes de la famille, merci merci, on est trop contents! Et aussi un filtre a eau prete par Christophe Vuillod (ami et tourdumondiste a velo). Merci encore! Un livre de voyage offert par Anne, trop bien! Des tablettes de chocolats par les parents et Claire et des super dessin d'artistes!! Ainsi que: moustiquaire, medicaments.... achetes par nos parents: Merci merci remerci! Un grand merci aussi a ceux qui nous ont offert une participation financiere.

Rencontre d'un musicien marionnettiste dans un bidon ville de Jaipur

Le lendemain, chose promise chose due, nous allons rendre visite au musicien marionnettiste. Il habite une petite maison, ou plutot, piece de 8 metres carres, avec sa femme et ses 3 enfants. Le 4 eme est dans le ventre et devrait arriver cette semaine, dans la maison. Cela n'empeche pas "Bengali" de demander a sa femme (environ 20 ans) de nous preparer le "tchai" (the) prestement. D'ailleurs, son emploi du temps est aussi charge que celui de son mari: faire a manger, nettoyer les crottes des enfants sur le palier, balayer les megots de monsieur.

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Bengali nous fait une super demonstration de "Dolak" une percussion indienne. On reste toute l'apres midi a discuter et a s'impregner de l'ambiance de leur vie. Bengali insiste pour que l'on mange chez lui. On goute au riz et sauce de mouton cuisine au feu de bois, celui-la meme qui a menace de nous etouffer tout l'apres midi dans cette piece sans fenetre. On sort le violon et l'accordeon, il nous dit de sortir dans la rue, on s'effectue, aussitot un groupe s'amasse, alors qu'on est en plein bidon-ville, les pieces tombent. On tente de les refuser. Pour finir, il veut nous offrir des marionnettes de sa confection: deux couples et deux petits elephants. on refuse fermement, mais il insiste. Cependant, peu apres, il nous demande une petite compensation: "vous comprenez, j'ai des enfants a nourrir, une femme qui va acoucher". Toute cette journee etait elle uniquement pour nous vendre ces marionnette ou est-il vraiment sincere?? On ne saura jamais, toujours est il qu'apres coup, on se dit qu'on a paye bien cher ces marionnettes.... Apres avoir donne les billets, il nous promet de nous offrir, un instrument de sa confection demain matin. Au matin, Bengali est la et nous offre un super "dolak". Au moment du depart, on lui promet de tout faire pour qu'il puisse venir jouer en france..

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On n'aime pas les riches patrons d'hotel indien!

La ville de Jaipur n'a rien d'exaltant, on decide de se rendre a Agra pour des petites vacances familliales. Cependant, le meilleur moyen de transporter les velos reste encore de pedaler. On se rejoind donc en une etape a Dausa ou le patron de l'hotel veut nous faire payer 20 euros la double alors qu'il n'y a pas d'eau chaude et qu'une fete, volume a fond, est organisee derriere l'hotel, et par l'hotel! On fait perdre plusieurs heures de son temps au patron pour negocier. Les parents d'Amelie son surpris que l'on negocie a ce point. Il est vrai que meme si les hotels ne sont pas chere en moyenne en Inde, encore plus qu'ailleurs, le patron empoche la quazi totalite du benefice, se construit un palais et laisse ses employe-e-s dormir dans leur bidon ville. Nous n'avons donc aucun scrupule, moins on le payera, plus son palace sera petit! La!! On quitte les parents pour deux jours, rendez vous a "Agra".

Rencontre d'un cyclotouriste Brahmane?!?! 

Apres 10 km, on croise un cycliste, qui vient nous parler. Quand on lui dit qu'on va a "Agra", il repond en anglais: "moi aussi". On decouvre en fait petit a petit que ce barbu habille d'une sorte de robe blanche et pedalant sur un vieux velo sans vitesses (comme tous les velos indiens), est en fait un voyageur au long court! Il parcours l'inde depuis un an de temples en temples. Il appartient a la caste des "brahmanes", la  plus elevee d'Inde. Il parle 8 langues de la bonne vingtaine de languages regionnales de ce vaste  pays, a etudier 9 ans en compagnie de son maitre spirituel qu'il appelle "gourou". Son equipement nous impressionne par sa simplicite: un petit sac avec une couverture fine pour faire matelas, un oreiller, un drap pour la nuit. Deux petits sacs plastique sur le guidon, et voila! Tout ce qu'il faut pour voyager un an en inde. Il ne mange visiblement que peu malgre les distances de 100 a 150 km qu'il parcourt chaque jour. On l'implore de s'arreter apres 70 km pour manger quelques bananes. Losqu'on s'arrete, une foule de personnes s'amasse pour scruter les faits et gestes des deux touristes. Une mendiante vient vers nous. On lui donne une banane. Elle l'a prend, mais ce qu'elle veut vraiment, c'est de l'argent. Un riche passant nous ordonne presque : "donnez lui 1 roupille, cette dame est tres pauvre." Mais nous, nous n'aimons pas la bonne conscience de la charite. On veut bien partager notre repas, on veut bien voter pour interdir aux riches de payer leurs ouvriers comme des esclaves, on veut bien voyager a velo pour proteger l'environnement vital aux generations futures, on veut bien s'investir en associations pour ameliorer la vie de tous..... Mais on ne donnera pas une piece de rien du tout qui n'arrangera en rien les problemes de fond. On lui repond donc: "c'est au patron de payer leurs employes", ce que tous les curieux, pauvres et donc n'ayant pas eu l'education pour apprendre l'anglais, n'ont pas compris.

On dort au temple d'un petit village avec le sadhu et le brahmane 

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Le soir, on l'accompagne pour dormir dans un temple d'un petit village. On rencontre un sadhu. Les sadhus sont des religieux ayant choisi une vie d'ascete et de priere. Il verse de l'eau sur la statut de leur representation local de dieu. Il fume ensuite du canabis, chose absoluement proscrite en inde (prison ferme pour trois fois rien) mais de ce qu'on nous dit, autorise dans le temple les sadhus?! Toujours est-il qu'on fume un peu devant toutes les personnes du village se relayant pour venir admirer les deux etranges. Au passage, ils touchent les pieds du sadhu et du brahmane par signe de respect. Puis on se fait inviter chez le patron du gros restaurant d'a cote. Par megarde, il fait tombe le sac plastique de lait pose a l'entree de sa grande maison. Aussitot, sa fille s'affaire a enlever le lait a l'aide d'un balais de branchage et de l'eau pour emmener tout ca vers l'ecoulement d'egout. La femme nous prepare un super tchai. Le mari, vautre dans sa chaise n'a pas beaucoup de conversation, il nous dit fierement :"regarder ma femme, n'est elle pas belle?"

En revenant au temple, des enfant harcelent Amelie pour de l'argent pendant qu'Ivan discute plus loin. Croyant que ses poches son vide, elle en retire l'interieur pour montrer qu'elle n'a rien: erreur! Des pieces tombent!! Les enfants se jettent dessus et tirent les vetements d'Amelie violemment. Apres s'etre extirpee difficilement, elle fond en larme. C'en est trop! Nous qui revons d'humanisme, d'entre aide, "de vie simple pour que d'autre puisse simplement vivre" Nous qui etions considere parfois comme des clochard en france. Nous voila relaye au rang de nantis. Ce changement de position social est difficile a vivre pour nous. Nous resentons un sentiment d'injustice face aux occidentaux qui possedent une grande maison remplie en france et qui viennent en inde avec un petit sac a dos et voyage en train 1ere classe ou bus tinte. Car eux, personne ne les embetent, pourtant, ils sont sans doute encore plus riches mais n'ont pas le courage de se confronter a la realite, ni de choisir la sobriete au lieu du confort et de l'opulence. Le brahmane fait ce qu'il peut pour nous remonter le moral: "qu'est ce que tu y peut" Dans la religion hindou, c'est dieu qui decide de notre rang social alors evidemment, notre sentiment d'injustice et de culpabilite lui est totalement etrange. On se detend en l'aidant a confectionner les pains locaux qui ressemblent a des crepes. Farine+eau+huile+sel, deux heure de repos. On forme une a une des sortes de crepes qu'on retournent plusieurs fois avant de finir en pressant les contour pour faire gonfler le "roti" (nom du pain). Le sadhu ne mange qu'un "roti" avec un peu de legume dans sa journee! Nous, on a encore faim, mais on ne dit rien.

Le lendemain, on fait route durant 120 km, une bonne dixaine de thes indiens, quelques moments d'hypoglycemie pour suivre notre brahmane inepuisable et nous voila dans la ville "d'Agra".

Petites vacances tranquille avec les parents d'Amelie (du 28 fevrier au 4 mars)

Nous restons une semaine dans un hotel avec Marie-Claude et Jacques. Nous visitons le celebre "Taj Mahal".

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On deconcertera plus d'un "Rick shaw" devant notre obstination a preferer la marche plutot que l'esclavage de pauvres cyclistes.

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Nous assistons aux defiles musicaux (ou plutot bruyant) de nombreux mariages. Les feux d'artifices fusent en pleine ville et a toute heure! En marchant aupres de l'un de ces convoits, on apercoit tout un coup, un blanc qui a reussi a monter sur le carrosse du marier (sans demander l'avis a qui que ce soit). Sa femme le prend vite fait en photo avant qu'il ne se fasse virer. On reconnait leur accent francais! Heureusement que nous ne sommes pas nationnalistes, on aurait eu encore plus honte...

Bref on passe du bon temps en compagnie des parents; du repos et des bons restos! On passe aussi pas mal de temps a se renseigner sur la suite du voyage. Le Nepal connait quelques tourments en raison d'une election au mois d'Avril. Rien de trop inquietant pour un touriste. Plus embetant, le passage du Nepal a la Chine par le Tibet est apparemment presque impossible! A moins de payer tres tres cher un voyage organise.... en 4*4! Pas de frontiere terrestre ouverte entre l'Inde et la Chine, ni entre l'Inde et la Birmanie. Aucune liaison touristique par bateau pour rejoindre l'asie du sud est....Y a t'il une voie ouverte pour l'ecologie dans ce monde???

L'heure du depart approche. Le mecredi 5 mars, nous reprenons les velos apres des "au-revoir a bientot" emouvants. Jacques et Marie-claude retournent a Delhi la tete bien remplie.

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